Pourquoi ne puis-je pas renseigner que j’achète des biens durables et écologiques dans Nos Gestes Climat ?

illustration: wind turbines and solar panels

Lors du calcul de l’empreinte carbone, beaucoup d’utilisateurs soucieux d’agir s’interrogent : pourquoi l’outil Nos Gestes Climat ne permet-il pas de déclarer que l’on privilégie des biens durables, d’occasion ou éco-conçus ? Après tout, ces choix sont reconnus pour leur impact positif sur l’environnement par rapport à l’achat de produits standards ou issus de la fast fashion. La réponse tient à la fois aux limites méthodologiques actuelles et à la volonté de simplicité du calculateur. Voici les explications et perspectives d’évolution.

Un affichage carbone individuel… encore inexistant

A l’heure actuelle, il n’existe pas d’étiquetage carbone systématique pour chaque produit, bien ou service vendu, ni en Suisse ni dans la plupart des pays européens. Or, pour intégrer l’impact réel et spécifique de chaque achat dans un simulateur grand public, il faudrait accéder à des données assez fines sur :

  • la matière première utilisée,
  • l’éco-conception,
  • le site de production,
  • le transport,
  • la distribution et la fin de vie du produit.
    Aujourd’hui, un tel niveau de détail n’est pas disponible et la procédure serait trop complexe et lourde pour la plupart des utilisateurs.

Comment Nos Gestes Climat estime-t-il votre impact ?

Pour contourner ce manque, Nos Gestes Climat a fait le choix de la simplicité :
Lorsque c’est possible, l’estimation de l’empreinte carbone des biens achetés est faite à partir des quantités (nombre de t-shirts par exemple) et d’un facteur d’émission associé à chaque unité en nombre de grammes de CO₂e émis par unité achetée.

  • Ces données sont issues de la Base Carbone® de l’ADEME.

Pourquoi cette méthode ne distingue-t-elle pas les achats durables ?

La méthode considère un "produit moyen".
Elle ne fait donc pas la différence entre :

  • un tee-shirt fast fashion et un tee-shirt labellisé,
  • une table en bois massif local et une table en bois exotique importé,
  • une ampoule LED durable ou un gadget jetable.
    Cela :
  • Simplifie énormément la saisie (inutile de saisir la provenance ou la composition de chaque objet),
  • Evite l’effet déclaration d’intention (parfois surévalué),
  • Fournit un ordre de grandeur réaliste pour la société dans son ensemble.
    Résultat :
    Les usagers qui font réellement l’effort d’acheter durable ou éco-conçu sont un peu pénalisés dans le calcul, car leur impact tend à être surestimé. Toutefois en achetant des produits plus durables, on achète souvent moins ce qui se reflète dans une empreinte carbone plus basse.

Quid des produits d'occasion ?

La seule distinction majeure concerne la différence importante entre produits neufs et produits d’occasion ou de seconde main.
En effet, le principal impact carbone d’un bien réside dans sa phase de production :

  • Acheter neuf, c’est engendrer la fabrication d’un objet supplémentaire (et donc ses impacts : extraction, transformation, transport, etc.)
  • Acheter d’occasion, c’est “réutiliser” un bien déjà produit et amortir son impact sur plusieurs années/usages.
    On considère ainsi que l’impact carbone d’un produit d’occasion est nul, car celui-ci est attribué au moment de son achat neuf.
    Nos Gestes Climat met donc l’accent sur le volume de biens neufs achetés chaque année : diminuer ce volume en achetant moins ou d’occasion réduit réellement le poids carbone attribué par le simulateur.

Pourquoi ce choix méthodologique ?

Tout est affaire d’équilibre entre simplicité et précision.
Nos Gestes Climat, outil dédié au grand public, vise à être rapide, compréhensible, et utilisable par tous. Multiplier les questions détaillées sur la provenance, la composition ou la durabilité de chaque achat découragerait de nombreux utilisateurs… et alourdirait le calcul, sans apporter suffisamment de robustesse (l’absence généralisée de données carbone “fiables” produit par produit limite la pertinence d’une telle sophistication).
Conclusion
Vous ne pouvez donc pas encore valoriser précisément vos achats éco-responsables dans Nos Gestes Climat, mais ce choix méthodologique garantit un simulateur accessible et fidèle à la réalité moyenne du pays. Gardez à l’esprit que réduire ses achats neufs et préférer le durable, le reconditionné ou l’occasion reste un excellent moyen de limiter son empreinte, même si l’outil ne reflète pas encore toute la finesse et la diversité de vos efforts écoresponsables. D’autres évolutions futures intégreront peut-être ces pratiques vertueuses, à mesure que les données s’amélioreront et que les biens durables deviendront la norme !
Pour aller plus loin :
https://www.ge.ch/teaser/consomm-action
https://www.energie-environnement.ch/climat-co2/rechauffement-climatique?id=1593